Cours Histoire de l’Art – Mardi 17 juin 2025 à 14h30
HENRI MATISSE – Le grand fauve
Avant que le fauvisme, premier et éphémère mouvement d’avant-garde du XXe siècle, ne se manifeste avec éclat et fracas au Salon d’Automne 1905, il avait été annoncé par des toiles plus anciennes de Matisse et Marquet.
C’est néanmoins à Collioure en été 1905, puis au printemps-été 1906, que se précisent les changements cardinaux dans l’art de Matisse : la couleur s’affranchit tout à fait et s’affirme dans toute son intensité. Soucieux d’atteindre à l’exaltation extrême de la couleur pure, l’artiste ne pouvait manquer de s’intéresser à l’expérience des néo-impressionnistes qui lui suggérèrent justement dans « Vue de Collioure », l’existence séparée des taches de couleurs et des touches.
Cette toile et les autres peintures fougueuses de 1905-1907 de Matisse traduisent l’énergie révoltée et enthousiaste du siècle naissant, son intransigeance et ses espoirs qui provoquèrent un des plus grands chocs de la peinture européenne au début du XXe siècle en mettant le public dans un état proche de la commotion.
Cependant, les mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle cherchaient plus à s’opposer à l’académisme des maîtres officiels et aux idées impressionnistes qu’à les développer, une opposition qui trouve son apogée chez Matisse car il aspire à atteindre, dans la force de la couleur et l’énergie des lignes, une intensité et une vivacité inconnues des générations précédentes. Parmi les peintres fauves, seule la personnalité dominante de Matisse poussera le fauvisme, en utilisant les couleurs au maximum de leurs possibilités expressives, à ses conséquences ultimes, sans jamais dévier, pour aboutir aux admirables papiers découpés de la fin de sa vie.
JF LARRALDE