Histoire de l’art : Mardi 26 mars 2024 à 14h30
Guernica – Pablo Picasso par Jean-François Larralde, Professeur
La ville basque de Guernica/Gernika, située sur le front de Biscaye, a été en grande partie anéantie le lundi 26 avril 1937 par la légion allemande Condor sur l’ordre du général Franco pendant la guerre civile espagnole. Bombardée, sans défense, la ville, où il ne reste que femmes, enfants et vieillards, est totalement anéantie en quelques heures. Picasso, atterré par la nouvelle du bombardement de Guernica, se met au travail dans son atelier de la rue des Grands-Augustins, à Paris, répondant ainsi à la commande artistique que le gouvernement républicain espagnol lui avait passée quelques mois plus tôt pour le pavillon espagnol de l’Exposition Internationale de Paris de 1937. Il n’y a dans son tableau ni bombes ni avions, mais seulement des femmes qui se tordent de douleur, un cheval percé d’une lance symbolisant la victime innocente, un taureau, venant de la corrida, dont la cruauté fascine depuis toujours Picasso. Ces figures procèdent, à la fois, du lointain cubisme qui disloque les êtres et les choses et de sa période plus récente dite des «métamorphoses » dans laquelle le peintre retourne la figure humaine comme un gant. Si, dans cette vaste composition murale, les références à la mythologie, la Bible et l’histoire de l’art sont indéniables, Guernica se révèle être une peinture d’histoire d’un tout nouveau genre. Un tableau d’actualité qui nous montre l’état de délabrement où se trouvait la société de l’époque. Sous une forme allégorique, la peinture nous parle d’un événement précis, tout en le dépassant largement.
Guernica évoque toutes les guerres, passées et à venir.
JF – LARRALDE